"Et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force": la dispute conduit à l'échec

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"Et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force": la dispute conduit à l'échec

 

Au Nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

«Et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force», (Coran: 08/46).

La dispute conduit à l'échec[1]

Leçon d'affabilité et de fraternité tirée de la bénie prophétie mohammadienne:

Dieu le Tout-puissant dit: «Et obéissez à Allah et à Son Messager; et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force. Et soyez endurants, car Allah est avec les endurants», (Coran: 08/46).

Le bénis verset met en garde les croyants à la dispute et à l'antagonisme entre eux du fait que la conséquence de cette dispute s'agit de l'échec, de la faiblesse et de la défaite, car ils s'occupent de ce conflit inter au lieu de se préparer face à l'ennemi; ce qui épuise leur force, leur fait perdre la confiance en soi, brise leurs personnalités, et fait disparaître leur respectabilité et honneur. C'est qu'en effet, tous les deux parties antagonistes s'engagent dans une incursion dans le but de dominer l'autre quel que soit le prix. En conséquence, chacune fournit toutes ses forces pour déstabiliser l'autre, cherchant ses défauts et ses carences et les divulgue aux autres pour affirmer sa légitimité et sa victoire. Mais finalement la déstabilisation caractérise mutuellement leurs sorts à cause de cette fragilisation conjointe, alors ils deviennent voués à l'échec.

Que signifie "vous perdrez votre force"?

En fait, l'échec entraîne la faiblesse, c’est-à-dire la perte de force, de grandeur, et de domination, et les affaires vont à l'encontre des vœux. Pour décrire l'état de faiblesse qui guette les antagonistes le Saint Coran a fait l'usage de la périphrase à travers le mot "vent" étant donné que le mot "vent" dans ce contexte procure au verset une force d'expression puisque le vent hisse les voiles, et procure de la force aux bateaux à voiles en mer, et si le vent s'arrête, les bateaux à voiles s'arrêtent également à cause de l'incapacité de bouger due au manque de vent, en conséquence le bateau n'atteint pas son objectif. De même que le vent fait flotter les drapeaux et les étendards au champ de l'honneur, un état synonyme de force, et s'il n'y a plus du vent, les drapeaux rechutent, et les forces dégénèrent.

 

Des réalités coraniques établissant un système civilisationnel:

Et ceci consiste en l'une des réalités coraniques qui constitue une théorie politique et sociale, car il détermine la cause de la décadence des Etats, et la dégradation des sociétés. Et nous en trouvons l'illustration dans beaucoup de faits historiques à toutes les époques: par exemple la défaite des musulmans en Andalous, et le retrait de l'Etat de l'Islam dans ces terre européennes après y avoir exercé leur pouvoir environ quatre cents ans lorsqu'ils se divisèrent en suivant les émirs et rois sectaires, se disputèrent, en conséquence les uns conspirèrent contre les autres, demandant le coup de pouce des ennemis contre leurs frères.

Et l'échec et la faiblesse ne s'attachent pas uniquement à l'aspect matériel, mais concernent également l'aspect immatériel qui se traduit en absence de la spiritualité qui se manifeste par le manque de l'esprit de la foi et la quiétude du cœur. Ce qui fait perdre l'Umma son aspect odorant, et son esprit, car la dispute conduit l'antagoniste aux grands péchés afin de dominer l'ennemi, par conséquence il s'embarque dans la médisance, le mensonge, la fable, la diffamation, et l'espionnage à l'encontre de son adversaire pour l'affaiblir, et tout cela fait partie des grands péchés. Et il trouve des faux-fuyants pour son attitude de flagornerie et de silence de la vérité lorsqu'il aspire à dominer son adversaire, mobilisant toutes ses pensées dans l'ergotage et la dispute au lieu d'invoquer Dieu le Tout-puissant et de prier. Et tout ceci fait partie de l'action du Satan, ce qui conduit à l'impasse dangereuse vers la géhenne.

Ce sont des choses vécues et connues dans toutes les disputes quelle que soit l'étendue de leurs envergures, par exemple: la dispute conjugale, la dispute familiale des sujets d'héritage, la dispute tribale, la dispute politique, la dispute collective, la dispute entre des personnes qui se réfèrent à des divers référents religieux, et la dispute sectaire etc. et c'est ainsi qu'une société use sa force et ses moyens dans ces disputes; ce qui donne à l'ennemi l'opportunité de spolier ses droits omis.

L'Imam Baqir (que la paix soit sur lui) a rapporté de ses parents (que la paix soit sur eux) un hadith rapporté, à leur tour, du Messager de Dieu (que Dieu prie sur lui et sa sainte famille purifiée), il dit: «Quiconque dispute avec les hommes; sa virilité tombe et son honneur lui échappe», il dit également: «Djibril (l'Ange Gabriel) ne cesse de m'interdire les disputes avec les hommes comme Il m'interdit de boire de l'alcool, et d'adorer les idoles»[2]. Et on rapporte de lui aussi: «Le serviteur n'atteint jamais la véritable foi jusqu'à ce qu'il renonce à la dispute même s'il en a le droit»[3]. Il dit aussi: «Quiconque renonce à la dispute en ayant le doit, on construit, pour son compte, une maison au plus haut du Paradis, et quiconque renonce à la dispute, après avoir été dans son tort, on construit pour son compte une maison au rez-de-chaussée du Paradis»[4]. Et on rapporte de l'Imam Sadiq (que la paix soit sur lui), il dit: «Evite la dispute; car elle corrompe ton œuvre, évite l'ergotage; car il t'avilit, et évite la controverse en foison, car elle t'éloigne de Dieu»[5]. Et l'Imam Hâdî (que la paix soit sur lui) dit: «La dispute corrompe la vielle amitié, et brise le contrat solide (telle que la relation conjugale ou parentale), et sa conséquence la plus minime consiste en la rivalité, et la rivalité constituent la base des motifs de séparation»[6].

 

La solution islamique pour résoudre le problème de la dispute:

Le béni verset offre une solution pour résoudre le problème de la dispute par deux éléments garantissant la suppression des facteurs qui accentuent la dispute, et l'absence de ces deux éléments conduit à la dispute:

1-  Se référer aux savants de la charia: se référer, dans toute dispute, aux oulémas, obéissant à leur ordres basés sur les jugements de la charia que ce soit en conformité à l'intérêt personnel ou non garantit une résolution à l'égard de la dispute. C'est pourquoi le verset a commencé par donner l'ordre d'obéir à Dieu le Tout-puissant et Son Messager (que Dieu prie sur lui et sa sainte famille purifiée), ainsi qu'au leadership authentique mis comme preuve, par Dieu le Tout-puissant, sur Ses serviteur. Dieu dit en effet: «Ô les croyants! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d'entre vous qui détiennent le commandement. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-là à Allah et au Messager, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleur interprétation (et aboutissement)», (Coran: 04:59).

Alors, l'obéissance à Dieu et Son Messager (que la paix soit sur lui et sa sainte famille purifiée) ainsi qu'au leadership authentique garantit de ne pas sombrer dans la dispute. Le verset souligne la voie pour réaliser l'unité des musulmans et les mettre à l'abri de séparation, comme nous en trouvons l'illustration dans l'expression de la Sainte Véridique Fatima Zahra (que la paix soit sur elle): «Fais notre Imamat un système pour la Communauté, et une garantie de séparation».

En autre, la dispute pourrait être due à une divergence en termes de compréhension et des intentions à cause de l'ingérence des autres et des facteurs exogènes etc. et la dispute, à ce niveau, reste toujours dans le cadre naturel tant que les parties opposées sont animées de bonne foi étant donné qu'ils ont la détermination de se référer au jugement de la charia, à son juge, et au leadership légitime providentiel pour qu'il tranche; et elles obéissent au jugement rendu, ayant toujours l'intention de connaitre la vérité et la suivre.

 En effet, la dispute est infâme compte tenu de son sujet éloigné du jugement de la charia et les ordres de véritable leadership contenant des doutes qui se traduisent en rébellion contre cette autorité. De même que le sujet de dispute reflète également la subjectivité, l'égoïsme, et le fanatisme de sorte que les antagonistes s'identifient à leurs égos et volontés dans la divergence qui les oppose; en conséquence le Satan entre dans la danse en les faisant croire que l'aveux de la vérité est synonyme de défaite, d'humiliation et avilissement, alors que la vérité aurait dû être l'axe auquel toutes les aspirations se dirigent, et ce qui suit la vérité aurait dû être le vainqueur.

2-  Faire preuve d'endurance: se référer à la charia et mettre en pratique les orientations et les recommandations de la charia nécessite l'endurance et la patience, et Dieu le Tout-puissant nous a enjoint l'endurance et nous en a promis la meilleure des récompenses: «Certes, Dieu est avec les endurants», et Dieu avec eux absolument dans toutes les circonstances et situations Ici-bas et dans l'Au-delà. Et ceci suffit comme stimulation à l'endurance et à l'obéissance des ordres de Dieu le Tout-puissant.

 

L'échec et la défaite:   

Le verset est catégorique que la dispute conduit à l'échec, mais dans d'autres passages dans le Saint Coran on constate que l'échec est le motif de la dispute. Dieu le Tout-puissant dit à propos de la bataille de Uhud : «Jusqu'au moment où vous avez fléchi, où vous vous êtes disputés à propos de l'ordre donné, et vous avez désobéi après qu'Il vous eut montré ce [la victoire] que vous aimez!», (Coran: 03/152). Le Tout-puissant dit également à propos de la bataille de Bard : «Et s'Il vous les avait montrés nombreux, vous auriez certainement fléchi, et vous vous seriez certainement disputés à propos de l'affaire», (Coran: 08/43). La relation entre l'échec et la dispute est une relation dialectique et directe compte tenu de la positivité qui caractérise la relation de sorte qu'ils augmentent et diminuent conjointement. En ce qui concerne la dispute en tant que motif de l'échec consiste en une évidence. Et en ce qui touche l'échec en tant que facteur conduisant à la dispute consiste également en une évidence pour deux raisons minimum :

1-   La dispute ne se déclenche jamais que lorsque les antagonistes se sont soumis au dicta de leurs passions et de leurs égos. C'est qu'en effet, leur échec par rapport à la lutte contre leurs passions, et à l'obligation de se conformer aux ordres de Dieu le Tout-puissant, comme ce qui se passa à la bataille de Uhud lorsqu'ils obéirent à leurs passions et désobéirent aux conseils du Messager de Dieu (que Dieu prie sur lui et sa sainte famille purifiée), et démissionnèrent de leurs postes stratégiques pour avoir participé à la collecte de butins «Après qu'Il vous eut montré ce [la victoire] que vous aimez!»; en conséquence, ils furent confrontés à l'échec, puis à la dispute comme le précédent verset dans la Sourate Ali Imran l'a mentionné.

2-   Le condamné à l'échec ne veut pas admettre son échec, il n'endosse pas ses responsabilités pour résoudre les problèmes, mais il fait recours à la dispute pour couvrir son échec en se chamaillant avec les autres pour dire que c'est eux qui sont voués à l'échec. C’est-à-dire au lieu de se relever au niveau de ceux qui sont couronnés de succès, ils mobilisent ses forces pour rabaisser ceux-ci à son niveau d'échec. Et je me rappelle une anecdote comique, lorsque nous étions enfants, certains de nos amis jouaient au football, et si leur équipe gagnait, ils revenaient dans la joie et bonne humeur, mais s'ils perdaient le match, ils revenaient en se blâmant mutuellement, et les uns prenaient les autres pour boucs émissaires; et chacun cherchait l'erreur et l'omission de l'autre.

 

L'exemple moderne de l'échec dû à la dispute:

C'est ainsi dans toutes les sphères, et le pire exemple s'agit de celui des politiciens qui occupent le sommet de la scène. A cause de leur échec patent dans l'exercice de leurs fonctions et l'endossement de leurs responsabilités, leur occupation de leurs intérêts personnels, leurs magouilles, micmacs et arcanes pour voler au peuple leur subsistance, ils essayent de couvrir cet échec par leurs querelles et dialectiques fructueux, et s'accusent mutuellement sans résoudre aucun problème. Par conséquent, cette dispute conduit à un nouvel échec ainsi de suite.

La crise qui gangrène l'Irak aujourd'hui ce n'est pas une crise financière dans la mesure où la situation financière de l'Irak, en termes de chiffres, se porte à merveille, ce qui aurait suffi pour régler les problèmes de l'Irak.  Et ce n'est pas une crise également due à la présence des agendas extérieurs même si chacune de ces facteurs joue un certain rôle dans cette situation dégradante. Mais le véritable motif de la dégradation de l'Irak réside dans l'échec des dirigeants politiques, leur mauvaise gouvernance et leur querelle qui s'article autour de leurs intérêts personnels et sectaires; c'est pourquoi ils couvrent leurs échecs par la dispute, et à son tour, cette dispute conduit à l'échec.

Et je constate que cette parole de Dieu le Tout-puissant: «Vous fléchirez et perdrez votre force» met en relief, par la relation inverse et certaines dimensions, la société et le pays qui souffrent de la dispute et de la faiblesse ont des leaderships voués à l'échec et qui ne inspirent aucune confiance.

En réalité, la plus grande faveur que Dieu le Tout-puissant a accordée à l'Umma par la Bénie Mission Prophétique s'agit de la réconciliation des cœurs et du déboulonnage des controverse et conflits, Dieu le Tout-puissant dit: «Et cramponnez-vous tous ensemble au "Habl" (câble) d'Allah et ne soyez pas divisés; et rappelez-vous le bienfait d'Allah sur vous: lorsque vous étiez ennemis, c'est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par Son bienfait, vous êtes devenus frères. Et alors que vous étiez au bord d'un abîme de Feu, c'est Lui qui vous en sauvé. Ainsi, Allah vous montre Ses signes afin que vous soyez bien guidés», (Coran: 03/103). Et Dieu le Tout-puissant dit: «Et ils veulent te tromper, alors Allah te suffira. C'est Lui qui t'a soutenu par Son secours, ainsi que par (l'assistance) des croyants* Il a uni leurs cœurs (par la foi).  Aurais-tu dépensé tout ce qui est sur terre, tu n'aurais pu unir leurs cœurs; mais c'est Allah qui les a unis, car Il est Puissant et Sage», (Coran: 08/62-63).

Alors, rappelons-nous cette grande faveur et gardons-la jalousement comme Dieu le Tout-puissant nous l'a enjoint, et concluons, en ce béni jour, un pacte de ne pas sombrer, autant que possible, dans la dispute, la querelle et la séparation, à l'aide de la Grâce de Dieu le Tout-puissant.   

 

 

 

      

 

 

 

 



[1]- des propos de Son Eminence le Référent Religieux al-Yacoubi (que Dieu lui accorde la longévité) tenus à l'occasion de la Conférence Générale des prédicateurs de Bagdad samedi le 25 Chahbânn 1436 (le 13 mai 2015). Et certains passages de ce discours ont été tenus également à l'occasion de l'Anniversaire de la bénie Prophétie Mohammadienne le 27Rajab 1436 (15 mai 2015).

[2] - Amâlî at-Tussî: 512 al-Majliss 18, hadith 1119.

[3] - Mîzân-ul-Hikma: 117/8.

[4] - idem.

[5] - idem.

[6] - idem