Une direction sage pronostique le mal et décrit le remède

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Une direction sage pronostique le mal et décrit le remède

Son excellence, sheikh al-Ya’qubi (que son ombre persiste) a répondu([1]) à un ensemble de questions posées par le directeur du bureau de la revue américaine Newsweek à Baghdad. Il y a exposé les grandes lignes capables de sortir l’Iraq de son épreuve, et a promis d’en exposer les détails si une volonté réelle existe chez les parties et les forces influentes sur la scène, pour trouver une solution.

Il a également abordé nombre de questions importantes concernant l’Iraq, comme la confédération et le système de pouvoir adéquat, après avoir exposé rapidement son parcours personnel. En conclusion, il a adressé un message au peuple américain. Ci-joint la demande envoyée par le directeur du bureau de la revue, et la réponse de son excellence :

Son excellence, l’autorité de référence (marja’) religieuse Ayatollah sheikh Mohammad al-Ya’qubi,

Paix sur vous,

Le cadre de la revue Newsweek à Baghdad souhaite poser les questions suivantes à votre excellence, afin que vous exposiez vos avis. Vous avez toute liberté et toute latitude pour les exposer.

Kevin Birayno – directeur du bureau de Newsweek, Baghdad

Au nom de Dieu, le Clément le Miséricordieux

Paix sur vous et miséricorde et bénédictions de Dieu

Je vais essayer de répondre rapidement, ne sachant pas la place consacrée aux réponses dans la revue, tout en sachant que des détails importants que vous souhaitez connaître on été publiés dans la série (discours de la période), commencée lors des prémisses de la chute du régime de Saddam. La série se poursuit jusqu’à présent, avec le n° 132. Elle se trouve, aux côtés d’autres, sur notre site électronique www.yaqoobi.com

Résumé du parcours personnel de son excellence sheikh Ya’qubi

Newsweek : Pouvez-vous donner un aperçu de votre parcours personnel ? Où êtes-vous né et quel est votre idéal, et comment avez-vous été influencé par ce dernier ?

Son excellence sheikh Ya’qubi : Je suis né dans al-Naqaj al-Ashraf, en 1960, à la date anniversaire de la naissance du noble prophète, ce qui représente un signe de bon augure pour les musulmans. Je me suis rendu à Baghdad en 1968, avec mon père qui avait des responsabilités dans le domaine social, que dirigeait le regretté martyr, sayyid Mahdi, le fils de l’autorité de référence religieuse suprême, sayyid Muhsin al-Hakim, dans al-Karada al-Sharqiyya. J’ai achevé mes études à Baghdad jusqu’à l’obtention du baccalauréat en génie civil, en 1982. Je n’ai pas rejoint le service militaire obligatoire à cette époque, ayant refusé de faire partie du système oppressif qui menait une guerre agressive contre l’Iran, même si ma position aurait été assurée et séduisante. Je suis resté caché dans la maison, ne sortant que si c’est nécessaire. J’ai profité lors de cet isolement de l’immense bibliothèque que mon père, mort la même année, avait laissée.

En 1985, j’ai eu l’occasion de contacter secrètement, par le biais de plusieurs intermédiaires, le martyr sayyid Mohammad al-Sadr. Après la fin de la guerre Iraq-Iran, en 1988, la répression du régime s’atténua relativement, et je commençais à bouger librement. Ainsi, le sayyid martyr al-Sadr al-thani (le second) se mit à enseigner et à écrire, et nous nous sommes rencontrés.

Au cours du soulèvement du mois de Sha’ban en 1991, il me confia la direction de l’un des 5 comités, le comité politique et médiatique, et ce jusqu’au dernier jour, avant l’invasion des forces de la garde présidentielle de la ville de Najaf et l’arrestation du sayyid martyr.

Après le soulèvement, j’ai endossé le vêtement religieux, au début de l’année 1992, et rejoint les études religieuses. J’ai rapidement grimpé les échelons, jusqu’à assister aux conférences supérieures, auprès de grands ulémas, comme le martyr sayyid al-Sadr (5 ans), sayyid Sistani (5 ans), sheikh Muhammad Is-hâq Fayyad (4 ans), et le martyr sheikh mirza Ali Ghorouri (deux ans).

Après le martyre de sayyid al-Sadr en 1999, et la fermeture de son bureau suite à un incident fomenté, je suis retourné à l’action sociale, à l’enseignement et la rencontre des gens dans la mosquée de Ras el-sharif, près de la place Haydari, qui est devenue un centre de gestion et de direction pour les partisans de sayyid martyr al-Sadr al-Thani, et du mouvement islamique en expansion, ce qui a troublé le régime et m’a placé sous une surveillance sévère.

Je n’ai annoncé mon statut de mujtahid qu’immédiatement après la chute du régime, et j’ai dirigé la prière du vendredi dans la place al-Kadhimayn, à Baghdad, le 25/4/2003, en présence de dizaines de milliers de personnes, qui ont rempli la noble place et les environs. J’y ai appelé les gens à participer à la manifestation du 28/4/2003 pour exiger un rôle prépondérant de l’Autorité de référence religieuse et de la hawza scientifique et des Iraqiens de l’intérieur (comme ils furent appelés) dans le processus politique. Ce fut l’une des manifestations les plus massives auxquelles a assisté l’Iraq moderne, qui s’est étendue sur plusieurs kilomètres, entre la place du théâtre national et la place al-Ferdows. Vous trouverez d’autres détails dans le livre (le martyr al-Sadr al-Thani, comme je l’ai connu) et le livre (Mohammad al-Ya’qubi, de lui-même à la société), ainsi que (sheikh Mussa al-Ya’qubi, sa vie et ses poèmes) et (Les lanternes des connaisseurs) et d’autres.

Mon idéal est représenté par le dirigeant de toute l’humanité, que Dieu le Très-Haut a placé comme bon exemple, disant :

[لَقَدْ كَانَ لَكُمْ فِي رَسُولِ اللَّهِ أُسْوَةٌ] (الأحزاب:21)

« Vous avez dans le prophète de Dieu un si bel exemple » (Les Coalisés, 33 : 21)

Qui est le messager de Dieu (PSL), et Ali b. Abi Talib, le commandant des croyants et les imams infaillibles de sa descendance. Je consulte en permanence leur biographie et leurs nobles paroles pour en tirer profit et les prendre pour exemple. J’ai mentionné le profit que j’en tiré de leur direction bénie dans plusieurs livres comme (le bon exemple pour les dirigeants et les réformateurs) et (rôle des imams dans la vie islamique) et (la doléance du Coran).

Le projet du parti « al-Fadila » (vertu) fut conçu au temps de Saddam

Newsweek : Quels sont les objectifs stratégiques du parti islamique « al-Fadila » ?

Son excellence sheikh Ya’qubi : Le projet de fonder le parti a été élaboré avant la chute, ayant prévu l’effondrement du régime. J’ai exposé des idées globales au docteur Nadim Jabiri et un nombre limité de frères, à cause de la dure répression du régime contre tout projet de ce genre. Immédiatement après la chute, je me suis rendu à Baghdad et j’ai rencontré plusieurs cadres. C’est ainsi que le parti a pris son élan, et ces cadres (dont fait partie Nadim Jabiri) se trouvaient au devant de la manifestation que j’ai évoquée plus haut.

Le but de sa formation consistait à élaborer un projet politique qui concrétise les revendications des masses, qui étaient surtout à l’intérieur de l’Iraq, et notamment les partisans de l’Autorité de référence religieuse, le martyr sayyid Mohammad Al-Sadr, qui n’avaient pas beaucoup confiance dans les dirigeants des partis venus de l’extérieur, qu’ils considéraient éloignés de la réalité, et qui ont vécu séparés du cours des événements en Iraq depuis vingt ans. Il fallait éviter de fondre leurs personnalités dans celle des dirigeants venus de l’extérieur, et sans se poser en alternative, leur rôle consistait à compléter celui des autres, et à regrouper cette catégorie. L’observateur trouvera dans le parcours du parti islamique al-Fadila des particularités inexistantes chez les autres (voir la brochure ayant pour titre : les particularités du parti islamique al-Fadila, écrit par dr. Jassim Mohammad). J’ai indiqué les objectifs de sa formation et les principes sur lesquels s’appuie l’action du parti, dans plusieurs discours rassemblés dans la série (les discours de l’étape), dont « les bases théoriques du parti islamique al-Fadila », et « l’action politique fait partie des devoirs légaux » et « les principes immuables en politique », et « les principes et les éléments de la transparence », et autres. Le dr. Nadim al-Jabiri a rédigé le livre « le régime du pouvoir adéquat en Iraq » en appui de ce projet. Tu peux y constater la particularité de ce parti qui est, en résumé, Iraqien, arabe, islamique et humain, dans tous les sens de ces termes, à partir des programmes et des mécanismes de travail, des objectifs, des positions et des visions.

Comment peut-on éviter la guerre civile ?

Newsweek : Peut-on éviter la guerre civile et comment ?

Son Excellence sheikh Ya’qubi : Certainement, en supprimant ses causes, ses origines et en asséchant les sources de sa provocation, de son attisement et de sa permanence, en adoptant plusieurs mesures :

1 – Convaincre ses instigateurs et ceux qui la soutiennent, parmi les parties internes et externes, qu’elle est vaine et qu’ils en subiront les conséquences néfastes

[وَلا يَحِيقُ المَكرُ السَيّئُ إلا بِأَهلِهِ]،

« Mais les manœuvres perfides ne retombent que sur leurs auteurs » (Le Créateur, 35 : 43)

Et que ce qu’ils espèrent réaliser, si cela relève du droit et de la justice, ils peuvent l’obtenir par le dialogue et le processus politique, et la revendication basée sur l’argumentation et la preuve. Si cette conviction existe et que s’instaure une volonté sérieuse pour résoudre le problème, cela se fera immédiaement. Quant aux cris, aux appels que nous entendons ici et là, ils sont hypocrites, dénués de sincérité, et non basés sur des bases justes, car chaque partie veut asseoir ses intérêts et se répandre le plus largement possible au détriment des autres.

B – Rejeter le discours sectaire, nationaliste, égoïste et partisan, et s’orienter vers un discours humaniste, qui s’élève au-dessus de ces visions étroites. Qu’ils craignent Dieu, pour cette nation ! Ils ont fait périr les gens et anéanti le pays.

C- Instauration d’un climat de conscientisation, par les ulémas, les intellectuels, les imams des mosquées, les médias et les écrivains, contre l’extrémisme, la rigorisme, le sectarisme, la violence, et le fanatisme, responsables de la sédition.

D – Terminer l’occupation et limiter l’effort d’aide internationale à la mesure des besoins des Iraqiens. L’Iraq a certainement besoin d’aide pour panser ses blessures, construire sa maison et ses institutions, pour se relever de la catastrophe qui l’a touchée depuis des décennies et qu’il puisse se mettre debout à nouveau au sein des Etats civilisés. Il est capable d’y arriver rapidement car il possède les éléments de la force, de l’épanouissement, du progrès et de la richesse.

E – Entrependre des réformes radicales et revoir plusieurs décisions erronées prises, et parmi ces réformes :

1 – démanteler les coalitions([2]) et les alliances sur des bases sectaires et raciales, et autoriser les alliances des partis et forces politiques sur la base des programmes politiques, en vue de mettre un terme au retranchement sectaire.

2 – Organiser des élections parlementaires partielles ou d’ajustement tous les deux ans, au cours de cette période transitoire de l’histoire de l’Iraq, pour répondre aux changements et transformations, ce qui semble nécessaire pour absorber les crispations de ceux qui n’ont pas eu l’occasion de participer au parlement, pour une raison ou un autre, car une des causes de l’armement réside parfois dans cet écart forcé. Les transformations politiques serviront à leur offrir une nouvelle occasion.

3 – Le rôle accordé aux partis et forces qui adoptent l’opposition positive et constructive, n’est pas moins important que celui de ceux qui participent au gouvernement par le biais des institutions de contrôle, comme le conseil de la probité, ou la Chambre de contrôle, ou la Chambre de la surveillance monétaire et d’autres, qui sont des institutions placées au niveau des ministères, ce qui peut convaincre les partis de l’opposition à refuser l’affrontement armé. J’ai mentionné l’efficacité et les justifications de cette proposition, ainsi que ses mécanismes détaillés dans le discours paru récemment dans la série « discours de la période », qui est publié. D’autres propositions seront avancées, par la permission du Très-Haut, lorsque se dessinera une volonté sérieuse pour une solution.

 

Je refuse l’état de l’occupation, sous toutes ses formes

Newsweek : Est-ce que votre excellence soutient un agenda pour le retrait des forces américaines de l’Iraq ? Craignez-vous l’élargissement des bains de sang si elles partent ?

Son excellence sheikh Ya’qubi : je refuse l’état de l’occupation sous toutes ses formes. Toute personne libre et honnête partage ma position. Malgré nos souffrances extrêmes occasionnées par Saddam et ses sbires, puisque nous étions à l’intérieur de l’Iraq et au cœur de ses événements, du fait de notre accompagnement du martyr sayyid al-Sadr al-Thani, pendant 14 années, jusqu’à son martyre, et j’étais le premier à accueillir son noble corps et celui de ses enfants, à l’hôpital, sur lesquels j’ai prié, avant de les enterrer en compagnie d’un nombre restreint de personnes, et j’ai continué son projet, après lui, au vu et au su de ces tyrans.

Je le dis : malgré cela, nous n’avons pas bien accueilli les forces de l’invasion, car, même si nous détestons Saddam et même si nous avions voulu son départ, nous avons été inquiets par l’arrivée des forces étrangères et leur présence sur notre sol. J’ai montré, dans mes discours, les aspects de cette inquiétude. Lorsqu’elles sont arrivées, nous avions espéré que leur rôle se limiterait à ce qu’elles avaient annoncé, soit l’aide au peuple iraqien pour construire un Etat libre et honorable, basé sur la justice et l’épanouissement. Je fus parmi les premiers à présenter le projet de gouvernement transitoire en Iraq, avant la formation du conseil du pouvoir, en vue de ramener la souveraineté aux Iraqiens (il est publié dans la série « discours de la période »([3]). Mais nos voix n’étaient pas entendues, les erreurs de l’occupation et de ceux qui s’opposent au processus politique se sont accumulées jusqu’à arriver à la situation présente.

Je n’ai cessé de présenter des projets constructifs en vue de sauver toutes les parties impliquées dans la question iraqienne, mais

يَا حَسْرَةً عَلَى الْعِبَادِ مَا يَأْتِيهِم مِّن رَّسُولٍ إِلاَّ كَانُوا بِهِ يَسْتَهْزِئُون] (يس:30)

« Hélas ! Combien est triste le destin des hommes ! Aucun prophète ne vient vers eux sans qu’ils le tournent en dérision ! » (Yâ-Sin, 36 : 30)

Seuls les innocents déshérités paient toujours le prix. Heureux soit le pouvoir de Dieu et du juge Mohammad (autour de Dieu, se rassemblent les adversaires).

Je fus parmi les premiers à réclamer la formation d’un ministère de la défense, au cours de la prière de vendredi, où nous avons été conviés à la tenir dans la place al-Ferdows, et à laquelle des milliers avaient participé en mars 2004, après que sa constitution ait été retardée, en vue d’activer la construction de forces armées iraqiennes capables et équipées pouvant protéger la sécurité du pays, et repousser les justifications de l’occupation.

Mais les mesures sont restées embrouillées et les mécanismes inefficaces, chaque partie pensant à ses propres intérêts avant tout. Personne n’a pensé à l’avenir de l’Iraq ni à son peuple. Je persiste à considérer que la solution se trouve dans les revendications déjà citées et dans la fin de l’occupation, de la manière réfléchie que nous avons citée et expliquée dans plusieurs discours.

Le terrorisme consolide l’état de l’occupation et le refus de la partition

Newsweek : Que pensez-vous du fédéralisme ? Est-ce que votre excellence soutient la nouvelle loi relative à la formation des provinces ?

Son Excellence sheikh al-Ya’qubi : J’ai prononcé plusieurs discours pour expliquer notre position sur le fédéralisme, comme cela est paru dans le quotidien al-Sadiqin, qui publie mes paroles et discours et notamment à ce propos. Je l’ai expliqué aux grands responsables qui m’ont rendu visite. Vous pouvez le consulter sur notre site internet. En résumé, le fédéralisme n’est pas notre revendication. Nous voulons un Iraq uni, un gouvernement central efficace qui exerce les prérogatives dont il est chargé dans la constitution, tout en accordant une administration décentralisée claire et large selon la constitution, mais aussi aux administrations locales dans les préfectures. Le gouvernement central devra fournir tout ce qui contribue et renforce les administrations locales.

En même temps, je pense que le fédéralisme peut être finalement une solution pour la résolution des problèmes du pays, s’ils deviennent insolubles, que Dieu nous en éloigne. Mais je ne trouve pas que ces problèmes soient insolubles, sauf si les ennemis de la nation et les ignorants, les rigoristes, les opportunistes, les égoïstes mènent le pays vers ce point. C’est pourquoi les terroristes et les criminels doivent savoir que, par les crimes qu’ils commettent à l’encontre du peuple, dont le massacre commis hier contre la ville héroïque d’al-Sadr, ville opprimés et déshéritée([4]), ils réalisent le contraire de ce qu’ils espèrent, car ils affermissent l’occupation qu’ils prétendent combattre ; car ils lui offrent des justifications et ferment toute issue à la coexistence pacifique, à la tolérance, à la liaison, de façon à ne laisser que le choix du fédéralisme et de la partition, et autres choix amers. Ils prétendent vouloir l’unité de l’Iraq et s’opposer à sa partition, qu’ils reviennent à la raison et réalisent avec perspicacité les conséquences de leurs actes !

Le régime de pouvoir devant dominer en Iraq

Newsweek : Comment l’Iraq doit-il être gouverné ? Quel pays peut-il être un modèle, négatif ou positif, pour un tel régime ?

Son excellence sheikh al-Ya’qubi : Le régime de pouvoir devant gouverner l’Iraq est celui qui respecte la volonté de l’homme, qui lui accorde la liberté totale de choisir qui le gouverne, la forme de l’Etat qu’il souhaite, la constitution qui régit le travail de ses institutions, et les droits et devoirs de l’individu et de l’Etat, et où il bénéficie de la pleine occasion pour changer et modifier ce qui ne lui convient pas, dans le cadre des mécanismes garantis par la constitution. Beaucoup de régimes actuels dans les (Etats démocratiques) représentent une occasion pour l’Iraq après modification de détails de manière à être conforme à la culture, la moralité et les traditions du peuples iraqien. Il n’est pas nécessaire d’imiter l’expérience de tout autre pays, car nous avons une authenticité et une profondeur dans l’histoire, des sources scientifiques et une connaissance, ainsi que des aptitudes remarquables, ce qui nous dispense de dépendre d’autrui, tout en profitant de toute expérience positive.

Si le remaniement ministériel en vue est réel, nous y participerons

Newsweek : Quelles sont les propositions du premier ministre Nuri al-Maliki que vous soutenez et celles auxquelles vous vous opposez ?

Son Excellence sheikh al-Ya’qubi : Le gouvernement de dr. Al-Maliki est né après une période longue et ardue, ce qui l’a rendu faible, chancelant et déchiré. C’est ce que nous avions prédit, à cause de la mentalité avec laquelle les entités politiques ont géré les négociations pour la formation du gouvernement. Ils ne se comportaient pas comme des frères issus d’un même pays voulant participer à construire le nouvel Iraq, mais comme des parties adversaires, chacune d’elles essayant d’arracher plus que son droit ne le lui autorise. C’est pourquoi le bloc d’al-Fadila a ordonné de se retirer du gouvernement, en faire partie n’était pas un honneur. Malgré cela, J’ai appelé les membres du bloc al-Fadila à voter au parlement la confiance au gouvernement, afin de lui laisser une chance de travail, avec une probabilité de réussite. Notre position de soutien au dr. Al-Maliki s’est poursuivie. Tout ceci relève d’une attitude noble inconnue dans le monde de la politique. Lorsque nous avons appris que dr. Al-Maliki envisageait de remanier le gouvernement, j’ai demandé au bloc d’al-Fadila de le rencontrer avec d’autres blocs politiques, pour lui annoncer la position du parti, qui consiste à dire que si le changement est réel et en faveur de l’intérêt du pays et du peuple, le parti participera à la nouvelle formation. Mais s’il s’agit de jeter de la poudre aux yeux, le parti préserve sa dignité et se retient loin de ce processus.

Formation d’un gouvernement religieux

Newsweek : Soutenez-vous la formation d’un gouvernement religieux, qui s’appuie sur le pouvoir de la loi islamique, en Iraq ?

Son excellence sheikh Al-Ya’qubi : Je me base sur la parole de l’imam al-Rida (paix sur lui), le huitième imam infaillible pour nous. On rapporte qu’il a dit : « Les gens réclament de leurs dirigeants, qu’ils soient justes ». Nous ne prêtons pas attention aux appellations ni aux slogans qui nous ont fait beaucoup de tort dans l’histoire. Il est exigé de trouver un régime de pouvoir conforme aux bases que nous avons mentionnées, dans la réponse aux questions précédentes, dont les détails furent exprimés par le commandant des croyants (paix sur lui), à son époque, lorsqu’il écrivit à son compagnon fidèle Malik al-Ashtar qui fut nommé gouverneur de l’Egypte. Les concepts tels que « le gouvernement islamique » ou autres, sont nouveaux et infondés. Nous croyons en la religion, nous l’appliquons dans notre vie, et parce que nous l’avons vu libérer la personne de la servitude de l’homme et de l’obéissance aux plaisirs et penchants destructeurs, et parce qu’elle organise notre vie de la manière qui nous procure le bonheur, la sécurité, la tranquillité, et l’édification de la vie avec tout ce qui est utile, nous sommes avec tout régime qui nous concrétise ces objectifs, quelles que soient leurs dénominations.

Facteurs de réussite de la direction

Newsweek : Si tu étais dirigeant de l’Iraq, le gouvernement de l’Iraq serait un gouvernement religieux ?

Son excellence sheikh Al-Ya’qubi : La direction n’est pas une affaire de prétention, et ne s’obtient pas par l’oppression et la contrainte, mais elle est une relation établie entre le dirigeant et les autres, que deux facteurs favorisent : l’un est le besoin d’une personne par les autres, et la bonté du dirigeant envers les autres. Le commandant des croyants (paix sur lui) dit : « sois bon envers qui tu souhaites, tu seras son dirigeant ; dispense-toi de qui tu veux, tu seras son égal ; aies besoin de qui tu veux, tu seras son prisonnier ». On questionna un savant sur la preuve de l’imamat du commandant des croyants, il répondit : « le besoin de lui et sa dispense des gens » ([5]). Plus l’homme est généreux dans sa vie et bon envers les gens sous toutes les formes de bonté, le besoin de lui augmente, et il sera choisi pour la direction. Nous avons appris de nos imams infaillibles (paix sur eux) le renoncement aux postes et le dédain de la vie terrestre, qui s’obtient par l’injustice, l’agression, la ruse et la feinte. Nous ne considérons les postes que comme un moyen de prodiguer la bonté aux gens, d’ôter l’injustice qui pèse sur eux et de les rendre heureux. De fameuses paroles du commandant des croyants (paix sur lui) se trouvent dans Nahj al-Balagha (voie de l’éloquence), personne ne doit les ignorer.

Les peuples du monde blâment le peuple américain

Newsweek : Y a-t-il quelque chose que tu admires en Amérique ? Est-ce que quelque chose a retenu ton attention chez les dirigeants politiques américains ou les autres ?

Son excellence sheikh Al-Ya’qubi : Il faut que je distingue, dans mon estimation, l’administration américaine du peuple américain. Le peuple américain contribue à bâtir une civilisation humaine élevée, qui bénéficie de l’admiration du monde entier, il possède de nombreuses qualités, comme le respect de l’homme, qu’il considère comme la chose la plus valeureuse dans ce monde, ce qui l’entraîne à réagir aux problèmes des peuples. Ce qui me plaît en lui, c’est son dépassement des particularismes et de son appartenance d’origine, son amour de sa patrie, et l’intérêt de son peuple. J’entends énormément à propos de la crédibilité des peuples de l’occident civilisé, tout cela et plus encore, ce que nous avons appris par l’islam de notre noble prophte Mohammad (PSL). La différence entre nous, cependant, gît dans les fondements et les intentions. Beaucoup d’occidentaux réclament des buts très proches, alors que nous demandons d’ajouter les buts élevés, la satisfaction de Dieu, gloire à Lui, et le gain du paradis. De même, la civilisation matérielle de l’occident porte en elle-même les facteurs de la dissolution et de la destruction, et j’ai déjà averti à ce propos dans un discours (le Sida ou l’effondrement de la civilisation occidentale), et dans mon message au président français Jacques Chirac, lorsqu’il a adopté l’avis du conseil des sages concernant l’interdiction du hijab dans les écoles publiques, etc..

Je me souviens encore lors de ma lecture du livre « comment se faire des amis » de Dale Carnegie, que je respecte beaucoup, je me souviens de la grande correspondance entre ce qu’il a écrit et les enseignements rapportés des hadiths des imams des Ahlul-Bayt (paix sur eux). Je ne pense pas que les résultats auxquels ils est parvenu soit le fait de l’accumulation d’une expérience humaine, mais plutôt, de manière directe ou indirecte, des enseignements divins des prophètes, des messagers et des imams, que les prières de Dieu soient sur eux. L’homme est incapable à lui tout seul de parvenir aux comportements les plus simples de la vie, comme le fait d’ensevelir le mort, avant que Dieu n’envoie un corbeau qui se mit à creuser la terre pour lui montrer comment ensevelir son frère, comme dans l’histoire où l’un des fils du prophète de Dieu, Adam, a tué l’autre. Il a appris du corbeau et a enseveli la dépouille de son frère assassiné, d’après ce que raconte le noble Coran.

Quant à l’administration américaine, la haine envers elle s’accentue au sein des peuples du monde, à cause des politiques tyranniques et des crimes commis envers les peuples, et à cause de sa politique inique. Les peuples du monde blâment le peuple américain parce qu’il n’exerce pas une influence efficace sur la politique de son administration, qu’il est censé avoir élu en toute liberté et qui prétend le représenter.

En fin de compte, j’espère que tu liras mes réponses avec profondeur et réflexion, car tu y trouveras le bien pour tous. Elles seront, à la mesure de votre capacité à les faire parvenir, source de fierté et de noblesse pour vous. Paix sur vous, miséricorde et bénédictions de Dieu sur vous.

 



([1]) A la date du vendredi 2 Dhu Qa’da, 1427 correspondant au 24/6/2006.

([2]) Cette idée fut largement accueillie par les responsables de médias et les politiques, et a suscité des débats et des dialogues, par le biais des chaînes satellitaires, pendant plusieurs semaines. Ds développements politiques l’ont suivi.

([3]) Voir « le discours de la période » vol. 3, p. 112

([4]) Plusieurs explosions ont eu lieu dans la ville d’al-Sadr le jeudi 1 dhu al-Qaada, 1727 correspondant au 23/11/2006, par le biais de trois voitures piégées et des fusées lancées sur plusieurs zones de la ville. Les victimes furent au nombre de 202 et les blessés au nombre de 250. Tous on dénoncé cette opération et considéré qu’elle est une conséquence naturelle de la crise politique et des discours extrémistes sectaires. Ces opérations furent suivies d’actes de vengeance dans plusieurs quartiers de Baghdad.

([5]) Sunan al-Imam Ali (paix sur lui), par le comit du hadith de l’Institut Baqir pour les sciences, p. 178.