Le « soft power » et la chaire hussaynite

| |Temps de lecture : 750
  • Post on Facebook
  • Share on WhatsApp
  • Share on Telegram
  • Twitter
  • Tumblr
  • Share on Pinterest
  • Share on Instagram
  • pdf
  • Version imprimable
  • save

-8-

Le « soft power([1]) »

 et la chaire hussaynite([2])

Signification du « soft power » :

Des ouvrages lui ont été dédiés au concept de « soft power » , utilisé au cours des dernières décennies, pour expliquer sa signification et ses mécanismes, ainsi que la puissance de ses effets. Ils entendent par ce terme les moyens et les outils par lesquels ils peuvent influer sur autrui, l’envahir, percer son entité, le rendre malléable aux agendas fixés, sans utiliser les armes et les machines de guerre.

Lorsqu’ils évoquent ce concept, ils sous-entendent principalement les médias, qu’ils nomment quatrième pouvoir, avec tous leurs outils d’influence. Cependant, l’utilisation tardive de ce concept ne signifie pas que ce « soft power » ne fut pas utilisé plus tôt ou qu’il ait été découvert récemment. Depuis les premiers temps, les puissances s’en sont servis par le biais des médias mensongers, inversant les réalités et travestissant les faits, diffusant les fausses nouvelles pour démoraliser l’adversaire et affecter son moral, susciter l’effroi et le trouble en son sein, et bouleverser ses idées et doctrines, pour en faire un outil docile apte à réaliser ce qu’ils veulent de lui.

Le « soft power » dans l’histoire

Parmi ses exemples historiques, il faut indiquer les feintes utilisées par le prophète (PSL) lorsqu’il sortait pour les conquêtes, en vue de tromper l’adversaire, les ruses et les tromperies utilisées par les ennemis qui sont parvenus à défaire l’armée du commandant des croyants et de l’imam al-Hassan, qui se sont retirés du combat, ainsi que les fausses nouvelles diffusées comme celle de des atrocités commises par l’armée du Sham, envers la population de Kufa, lorsque Muslim b. Uqayl et des milliers de partisans ont encerclé Ubaydullah b. Ziyad dans le palais de l’Emirat. La terreur se propagea au sein de la population de Kufa, qui s’est retirée en laissant Muslim seul, alors que Ibn Ziyad n’avait avec lui, à l’intérieur du palais, que quelques dizaines de personnes([3]). Leur comportement ne fut pas correct, à cause de leur ignorance, leur bêtise et leur égoïsme.

Pour ne pas être envahi par les ambiguités

Le noble Coran a indiqué comment traiter l’effet de la contre-information et des fausses nouvelles, et empêcher leurs conséquences, par la vérification, l’examen et le retour aux gens de la connaissance qui ne sont pas envahis par les ambiguités et les équivoques et savent éviter les manœuvres. Dieu le Très-Haut a dit :

[وَإِذَا جَاءهُمْ أَمْرٌ مِّنَ الأَمْنِ أَوِ الْخَوْفِ أَذَاعُواْ بِهِ وَلَوْ رَدُّوهُ إِلَى الرَّسُولِ وَإِلَى أُوْلِي الأَمْرِ مِنْهُمْ لَعَلِمَهُ الَّذِينَ يَسْتَنبِطُونَهُ مِنْهُمْ وَلَوْلاَ فَضْلُ اللّهِ عَلَيْكُمْ وَرَحْمَتُهُ لاَتَّبَعْتُمُ الشَّيْطَانَ إِلاَّ قَلِيلاً] النساء 83

« Reçoivent-ils une nouvelle, rassurante ou alarmante, ils s’empressent de la diffuser, alors qu’ils auraient dû, avant tout, en référer au prophète et à leurs chefs qui seuls sont à même d’en connaître la portée et d’en apprécier la véracité. En vérité, n’eussent été la grâce du Seigneur et Sa miséricorde, vous auriez tous, à de rares exceptions, été entraînés vers Satan » (Les Femmes, 4 : 83)

 [يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِن جَاءكُمْ فَاسِقٌ بِنَبَأٍ فَتَبَيَّنُوا أَن تُصِيبُوا قَوْماً بِجَهَالَةٍ فَتُصْبِحُوا عَلَى مَا فَعَلْتُمْ نَادِمِينَ] الحجرات 6

« Ô vous qui croyez ! Si un homme pervers vous apporte une nouvelle, vérifiez-en la teneur, de crainte de faire du tort à des innocents, par ignorance, et d’en éprouver ensuite des remords. » (Les Appartements, 49 : 6)

Il est incorrect de croire immédiatement les racontars, d’agir et d’adopter des positions en conséquence. Se précipiter, réagir et riposter, avant même la vérification, relèvent de la sottise. On rapporte que le commandant des croyants (paix sur lui) a dit : « l’individu doit cesser d’être sot et de croire tout ce qu’il entend et tout ce qui se dit ».

Un des traitements adoptés dans l’école de l’Islam pour les fausses nouvelles, en vue de les circonscrire et les étouffer, consiste à extirper sa source et sa matière, car toute fausse nouvelle se base sur une matière qui favorise son admission, comme les deux ailes par lesquelles la fausse nouvelle se propage au sein des gens, comme le rapporte le proverbe populaire : « pas de fumée sans feu ». Si tu souhaites empêcher la propagation de la fumée, il est nécessaire d’éteindre le feu et faire cesser l’incendie. Ceci est possible grâce à la transparence, la clarté, l’exposition des vérités à l’opinion publique. Dans la biographie du prophète (PSL), il est rapporté qu’en marchant dans les rues de Médine, il vit sa tante Safiya, fille de Abdel Muttalib, il la salua et demanda de ses nouvelles. Un de ses compagnons passa auprès d’eux. Le prohète (PSL) lui dit qu’il s’agit de sa tante Safiya. Le compagnon dit : « nous ne doutons pas de toi, ô messager de Dieu et nous ne t’accusons de rien ». Mais le prophète a voulu trancher à propos de l’accusation, de la méfiance et du doute. Il lui clarifia la situation. Le commandant des croyants (paix sur lui) a dit : « quiconque se place en situation d’accusé ne doit pas blâmer ceux qui ont douté de lui » ([4]).

Exemples vécus du « soft power »

Il y a quelques jours, des nouvelles ont affirmé que les terroristes ont visé l’aéroport de Baghdad, sans y parvenir. L’angoisse et la crainte que les terroristes arrivent aux portes de la capitale, et des troubles dans la situation économique, ont parcouru la population. Les compagnies étrangères ont craint d’entretenir des liens avec Baghdad. Cette fausse nouvelle ne pouvait entraîner de telles conséquences sans l’existence d’une matière qui l’alimente, soit les déclarations du chef de l’état-major américain([5]) qui a déclaré que les avions américains Apatchi ont empêché une attaque armée de Daech, qui se dirigait vers Abu Ghrayb et l’aéroport de Baghdad et que les aviateurs furent exposés au danger en survolant à basse altitude. Mais le général n’a pas mentionné comment il a appris le but des groupes armés, est-ce qu’il avait écouté leurs conversations, ou bien a-t-il eu entre les mains des documents ou déclarations de la part des détenus. Rien de tout cela. Seul des combats situés à 25 km de Abu Ghrayb ont eu lieu, et les terroristes avaient mené des mouvements. Le général a estimé qu’ils voulaient viser l’aéroport.

C’est la matière de la fausse nouvelle. Le général Dembsey sait parfaitement que ses paroles n’ont aucune valeur, mais il a voulu transmettre plusieurs messages en faisant de telles déclarations, que les dirigeants et responsables ont compris. Il faut indiquer que le « soft power » comprend d’autres outils que les médias, qui sont répétoriés ou non. Parmi les premiers, l’art, qui exerce une influence sur la culture et le comportement des autres, sur leurs doctrines et leurs politiques s’il parvient à arracher l’admiration et charmer. Les Etats peuvent aujourd’hui exercer, à partir de la production artistique, de l’influence sur les autres Etats et les attirer vers leur politique, les convaincre de leurs agendas, ce qu’ils ne peuvent faire par l’occupation militaire, qui est généralement détestée et refusée.

Les responsables des compagnies touristiques affirment que le nombre des touristes vers la Turquie a doublé après la diffusion des séries télévisées turques, doublées en langue arabe, malgré leur contenu dégradant, corrompu et criminel. Il est également établi que les peuples de la région sont influencés et attirés par la république islamique, et imitent les comportements de son peuple, grâce aux travaux dramatiques et historiques produits.

Le « soft power » pour soumettre les peuples

Il existe un « soft power » non répétorié en tant que tel dans ce monde, qui n’a pas été suffisamment étudié, car les responsables de cette science en occident, en sont loin à cause de leur submersion dans les choses matérielles, tout comme ils visent, par le « soft power » à réaliser leurs buts personnels et leurs intérêts, au détriment de la soumission des peuples et leur domination. Ils n’accordent pas leur attention sur le « soft power » positif qui apporte le bien et le bonheur à l’humanité, qui réforme l’état des gens, et leur bâtit une vie heureuse, vivant de manière libre et digne.

Le « soft power » dans la pensée islamique

Il y a l’invocation, dont il est dit qu’elle repousse le malheur, lorsque toutes les conditions de sa révélation et son exécution sur terre sont réunies. Il s’agit d’un moyen transcendant pour influer sur les faits. Il en est de même pour l’aumône (sadaqa) qui agit de la même manière. L’imam Sadiq a dit : « soignez vos malades par l’aumône, repoussez le malheur par l’invocation, attirez la fortune par l’aumône »([6]). La médecine pourrait se retrouver inefficace, avec sa technologie avancée, pour soigner, mais Dieu le Très-Haut accorde le soin et la santé à cause de l’invocation et de l’aumône.

Parmi les autres manifestations du « soft power », il y a la bonne moralité. Le prophète (PSL) avait recommandé à son oncle Abbas b. Abdel Muttaleb « vous ne pouvez rapprocher les gens de vous par votre fortune, mais plutôt par votre moralité »([7]). Nombreux sont ceux qui sont entrés dans l’islam et la foi, ayant été influencés par la moralité et la vie des Imams de l’Islam, de ses dirigeants et savants. On rapporte de l’Imam al-Sadiq (paix sur lui) : « soyez des prédicateurs auprès des gens, autre que par votre langue, afin qu’ils voient en vous la piété, l’effort, la prière et le bien. C’est la prédication »([8]).

La chaire hussaynite est également un moyen du « soft power », qui a prouvé sa force considérable à attirer vers le vrai et à influer sur les peuples, car elle puise sa force de celle de la noble position de l’imam al-Hussayn (paix sur lui), de ses immenses sacrifices et ses principes élevés. L’influence serait encore plus grande si les prédicateurs étaient eux-mêmes aptes à porter la responsabilité d’adhérer à cette noble position.

Par la grâce de Dieu, gloire à Lui, et la bénédiction du prophète (PSL) et des membres infaillibles de sa famille (paix sur eux), nous possédons beaucoup de ce qui peut être utile à l’humanité, si nous leur portons attention et nous en tirons profit. Mais le défaitisme interne des musulmans, la perte de leur confiance en soi, leur émerveillement par l’occident, les ont rendus incapables de voir les joyaux qui sont entre leurs mains. Ils en prennent l’écorce des autres. C’est pourquoi les penseurs et les chercheurs doivent enrichir cette science, avec ce qui est paru chez les Infaillibles, dans les domaines du « soft power » et ses éléments positifs. Que cette brève introduction soit le pas édifiant dans ce sens.

 



([1]) Pas de traduction en français de ce terme, utilisé tel quel (ndt).

([2]) Entretien de son excellence l’autorité de référence al-Ya’qubi (que son ombre persiste) avec les employés de la radio al-Amal dans la province de Missan, le lundi 25 dhul Hijja, 1435, soit le 20/10/2014

([3]) Son excellence a conseillé les prédicateurs de la chaire hussaynite de renouveler leur prêche et de le moderniser, pour aborder des questions vitales qui intéressent la nation, et de les relier à la question de l’imam al-Hussayn (paix sur lui). Il les a conseillés de ne pas répéter la même matière historique, mais d’aborder par exemple le « soft power », les fausses nouvelles et leurs effets néfastes, et comment en protéger la société, en prenant pour exemple l’effet de la fausse nouvelle sur l’échec du mouvement de Muslim b. Uqayl.

([4]) Bihar al-Anwar, 75/90, hadith 4

([5]) Les informations du 12/10/2014

([6]) Al-Kafi, 4/3 hadith 5

([7]) Bihar al-Anwar, vol 68, p. 383, et Amali al-Soduq, p.9

([8]) Wasa’il al-Shi’a, 15/245 hadith 13